Il y des jours avec et des jours sans… C’est pareil pour tout le monde. Un vendredi, après une semaine laborieuse, je m’arrête chez mon boucher multinational préféré, avec des saveurs bien précises dans la tête. Un bon morceau de boudin noir aux oignions, quatre pommes et un paquet de riz de Camargue plus tard, me voilà dans la voiture en direction de la maison.
Une fois arrivée, tous mes trésors se retrouvent aussi tôt, épluchés et tranchés, dans diverses casseroles et poêles en train de cuire, de frire et de fondre, des oignions doux relevés au Curry en plus. Puis je plonge dans ma cave, qui n’est en vérité qu’une simple garage dans laquelle les voitures sont interdites…
C’est du 2009 que je cherche, un Gigondas plus précisément, de chez Yves Gras. En bouteille depuis cinq mois, je ne l’ai pas encore gouté depuis sa sortie de la cuve. Après quelques minutes de fouilles dans les cartons je le tiens ! Santa Roc 2009, millésime splendide dans le sud de la France, travail de deux vignerons méditerranéens – Remy Pedreno de Roc d’Anglade et Yves Gras de Santa Duc à Gigondas.
Le bouchon sorti, un premier verre pour une première impression s’impose. Il fallait bien quatre mains de vigneron pour mettre autant de fraicheur dans cette cuvée dominée par le Grenache en une année comme 2009 ! Les arômes plutôt sur les fruits acidulés, griottes, groseille, les épices ne se trouvent pourtant pas loin et se montrent surtout en bouche. Portés par une acidité quasi cristalline, ils enrobent avec élégance la montée en puissance du vin au milieu de bouche, du poivre, une pointe de cannelle, un brin de fenouil, une pincée de grains de coriandre moulus… Jeune et fougueux, ce vin support la carafe, mais elle ne s’impose pas.
Et alors, quand quelques instants plus tard à table ce Gigondas se mélange aisément au moelleux du boudin, au croquant du riz, au fruité des pommes, puis à la douceur des oignions et aux épices du curry, je ressent la quasi certitude, qu’aujourd’hui c’est un jour avec…