La dernière récolte était tardive. Le secteur Gigondas, Plan de Dieu, Rasteau…, n’a subi que peu de précipitations pendant le mois de septembre, ce qui nous a permis d’atteindre la pleine maturité dans des conditions sanitaires favorables. Nous avons en effet vendangé les derniers raisins le 10 octobre.
Persuadés que le goût du vin prend racine dans le terroir et ses fruits, notre travail en tant que vinificateurs est minutieux et peu interventionniste. Notre objectif principal est de préserver l’entière qualité du raisin : un tri soigné de fruits mûrs, aromatiques et frais, une fermentation avec des levures naturelles, des temps de macération et une extraction douce adaptées au profil tannique des raisins.
Au moment de l’encuvage nous utilisons de faibles doses de soufre sécurisant pour éliminer les souches de levures problématiques. Cela correspond parfaitement à notre philosophie. Ni ami, ni ennemi du soufre, nous adaptons son utilisation aux besoins de chaque millésime, de chaque contenant et de chaque cuvée. La sensibilité à l’oxydation des différents cépages, la fréquence des soutirages pour éliminer les lies, l’ouillage des foudres et barriques et la fraîcheur constante de notre chais d’élevage présentent, entre autres, des facteurs essentiels à prendre en compte pour un vieillissement et une maturation réussie. Seul l’ensemble de ces paramètres permet aux vins d’évoluer vers l’harmonie gustative et la libre expression de leur origine.
La quête d’une expression pure et noble du fruit et de nos terroirs a guidé notre travail de vinification et d’élevage ces dernières années. Le bois joue toujours un rôle important dans la maturation de nos vins. L’ouillage et l’apport de tanins du bois permettent une oxygénation et une évolution maîtrisée, tout en respectant la fragilité d’un cépage comme le Grenache. En remplaçant la majeure partie des barriques par des foudres, nous avons néanmoins considérablement changé le rapport de force entre ces deux éléments qui sont le bois et le vin. Il nous semble primordial de garantir que le dernier garde toujours la main sur le premier.
Dans la continuité de cette démarche, nous avons renforcé notre cuverie d’élevage de trois jarres en terre cuite d’Impruneta de 800 litres chacune. Dans ce haut lieu de poterie italienne proche de Florence, on extrait en effet depuis des siècles une argile particulièrement adaptée à la fabrication de jarres. Façonnées à la main, ces récipients sont parfaitement lisses et étanches et permettent d’élever le vin sans apport tannique et aromatique. Leur forme spécifique favorise l’expression du fruit et préserve la minéralité et la tension des vins. Pour ce premier millésime, les trois jarres accueillent respectivement un vin à base de Grenache issu de la Crau à Chateauneuf-du-Pape et un vin à base de Mourvèdre vinifié à partir des raisins des Hautes Garrigues de Gigondas.