Paroles de vignerons - Vinparleur - Winzer talk

L’Allemagne, la nouvelle #France ?

Question curieuse, n’est ce pas ? L’idée m’est venue au cours de mes derniers voyages outre Rhin, lors de petites séances télé ou lecture presse en fin de soirée. Ce qui m’a frappé, c’est le discours hédoniste tenu dans les médias : on célèbre la bonne bouffe, on aime la bière (je sais, ce n’est pas vraiment un scoop), on est amoureux du vin et de la belle vie. Je vous donne quelques exemples.

Premier exemple. Il est 23h passé et je zappe sur un de ces « talk shows » à l’allemande, où un ou plusieurs journalistes malins se retrouvent avec plusieurs invités autour d’une table pour discuter travail, société et culture avec une certaine légèreté. Rien d’étonnant pour l’instant. Sauf que la table n’est pas vide. Outre des petites bouchées et bouteilles d’eau, on y trouve d’ENORMES verres à vin. Il y a 20 ans environ, ces émissions se sont inspirées de leurs homologues américains, ce qui expliquerait probablement la taille des verres à vin. Mais ce qui ne s’explique pas, c’est le fait que les verres sont remplis de vin. Et les gens boivent ! Et ils en parlent ! Et ils trouvent ça bien !
Sont-ils devenus fous ces Allemands ?

Deuxième exemple. Début avril, le printemps est arrivé au pays. Comme chaque année, c’est un événement qui remplit les cœurs des gens de joie. Cela suffit pour faire un mini-reportage au journal de 20h, montrant des gens heureux et souriants au bord de l’eau et dans les parcs allemands. Une jolie présentatrice nous guide à travers ces moments de bonheur et je souris aussi, bêtement devant la télé, me sentant en sécurité dans le meilleur des mondes. Et à la fin, coup de massue ! Montrant toutes ses dents, cette dernière souhaite une bonne soirée à tout le monde avec une grosse choppe de bière à la main. Et puis, elle boit… Au journal de 20h. It’s so shocking !

Troisième exemple (le plus shocking de tous !). En attendant les premières asperges de la saison, commandées dans un joli petit restaurant d’hôtel au milieu des vignes dans le Palatinat, je feuillette le dernier « Essen & Trinken » (Manger & Boire), un des magazines gastro grand public leader sur le marché allemand. Au milieu des recettes printanières qui se surenchérissent en légèreté, je tombe sur un article de Cordula Stratmann, une actrice. C’est une habituée de « Essen & Trinken », possédant sa propre rubrique mensuelle dans le magazine. C’est une sorte de Pierre Arditi version Angela Merkel. Au début de ma lecture, mon cerveau feint de ne pas comprendre. Mais au bout d’une vingtaine de lignes, lui aussi doit bien admettre que notre chère Cordula écrit et parle de la cigarette. Pire, elle plébiscite même le retour des soirées enfumées entre amis des années 80, au bout desquelles on se trouvait littéralement « dans les vapes ». Oui, vous comprenez bien : dans les vapes à cause de la fumée de cigarettes dans la pièce et dans les vapes à cause de la libre consommation de boissons alcoolisées. Je suis anéanti par ce pamphlet enflammé prônant le plaisir de se laisser aller de temps en temps, contre et par dessus toute raison.

Je finis mes asperges dans le silence (elle me semble un peu aqueuses au goût) et remonte dans ma chambre. J’évite de justesse le bar à vin, qui est par ailleurs le seul endroit de cet hôtel familial où il est autorisé de fumer. Cela ne semble déranger personne. Ils sont donc vraiment devenus fous, ces Allemands.
J’écris ces quelques lignes dans le train de retour. J’ai mal dormi la nuit dernière, un sommeil agité, mal mené par des cauchemars et des idées grotesques.

Et si les Allemands se mettaient à fabriquer des Gitanes maïs, que resterait-il à la France ?



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