Dans mon humble travail de pigiste pour un grand site internet, j’ai pu interroger cet été John Gillespie, grand spécialiste du marché du vin aux États Unis. Arrivé aux accords mets-vins vers la fin de l’interview, il me lança la phrase suivante :
« Le vin doit et peut se défendre tout seul. Les accords met-vin sont « passés », sauf s’ils proviennent d’un sommelier... »
Et ce n’était même pas de la provocation. Plutôt une conviction. Conviction, qui se base justement sur son expérience et ses études de la consommation du vin aux USA sur trois décennies. Un choc pour le cerveau bachique européen, car dans notre culture, les accords tiennent toujours une place très importante dans la valorisation des vins. En même temps, je trouve que c’est une belle valorisation du métier de sommelier, en perte de vitesse dans le monde de restauration, pour dire que le sommelier au moins est un professionnel de l’affaire, sachant vraiment de quoi il parle.
Et après réflexion, le tout ne semble déjà plus aussi aberrant qu’à première vu. Car si 59% des vins aux USA sont bus en dehors d’un repas, moi aussi je dois avouer, que je n’ai pas forcement besoin d’un repas élaboré pour apprécier le vin. Je l’aime en fin de journée, après le travail, mais aussi après une journée de « far niente », confortablement installé sur la pelouse ou sur le canapé. Je l’aime en cuisinant (comme 14% des américains) et je l’aime à l’apéritif, oui, même avec des cacahuètes... (19% des vins aux USA sont bus avec des chips, cacahuètes et autres snacks). Et j’aime le boire sans rien, en soirée avec des amis, ou affalé sur des coussins un regardant un bon film ou en lisant un vieux livre. Je suis également capable de siroter un verre en dansant ou en écoutant de la musique, en rangeant le garage et en faisant ma liste de courses. Je suis un véritable buveur de vin « multi-tache », ça doit être mon côté américain... (Et rassurez vous, je n’ai pas forcement BESOIN d’un verre de vin pour ranger mon garage).
Mais détrompez vous, j’aime également le vin en mangeant un bon plat. Il m’arrive même souvent de plonger d’abord dans la cave, pour dénicher la bouteille parfaitement adapté à mes envies, avant de prendre des décisions sur l’assaisonnement et la cuisson du repas.
Mais je suis d’accord avec les buveurs de vin américains, que les plaisirs du vin ne se limitent pas uniquement à la table et que les vins rouges de ce monde ne méritent pas seulement d’être associés à une viande rouge grillé, que les blancs ne doivent pas se contenter d’un poisson et que les rosés ne doivent pas attendre les mois d’été pour être bus ...